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Soutenances de thèses

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Pénélope PATRIX : Imaginaire des bas-fonds et poétique canaille dans la chanson urbaine. Le fado et le tango, des marges au patrimoine immatériel

Thèse de doctorat en littérature générale et comparée. Soutenance le mercredi 3 décembre à14h àl’Université Paris-Diderot, en Salle des Thèses (bâtiment Halle aux Farines, Hall F, accès par le hall E, 5ème étage), 9 esplanade Pierre Vidal-Naquet, 75013 Paris (métro Bibliothèque François-Mitterand).

Membres du jury :
Esteban Buch (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales)
Camille Dumoulié (Université Paris-Ouest Nanterre La Défense)
Florence Dupont (Université Paris-Diderot) - directrice
Dominique Kalifa (Université Panthéon Sorbonne)
Claude Murcia (Université Paris-Diderot)
Régis Salado (Université Paris-Diderot)

Cette thèse compare les poétiques à l’oeuvre dans deux chansons urbaines, le tango de Buenos Aires et le fado de Lisbonne, au moment de leur émergence sociale dans la seconde moitié du 19e siècle. La thèse interroge la représentation usuelle commune à ces deux traditions chantées et plus généralement aux chansons urbaines nées dans les sociétés industrielles du 19e siècle, selon laquelle il s’agirait d’expressions des bas-fonds urbains et des marges sociales, origines qui se traduiraient dans les paroles des premières chansons. Ces dernières sont de ce fait traditionnellement abordées par la critique comme des témoins sociaux, corpus poétique qui reflèterait l’expérience urbaine fin-de-siècle propre aux déclassés en étant la trace de leur « voix » singulière et transgressive. Après avoir montré que cette vulgate historiographique, dont le scénario mène systématiquement des marges au patrimoine national, et que nous proposons de considérer comme un « grand récit » des origines, est partagée par la critique universitaire contemporaine, par les promoteurs du « patrimoine culturel immatériel » et par les acteurs des deux traditions eux-mêmes, et est matérialisée dans les paroles de chansons, les récits ordinaires et les performances actuelles, nous la confrontons aux archives du tango et du fado, pour montrer qu’il s’agit d’une construction rétrospective émanant principalement de la littérature et de la presse fin-de-siècle. En contrepoint, nous démontrons à l’aide de sources variées que ces chansons sont des pratiques socialement transversales, apparues dans des contextes diversifiés. Nous replaçons ensuite les sources littéraires et les enquêtes sociales à partir desquelles a été élaborée cette fiction des origines dans le contexte particulier d’émergence d’un « imaginaire des bas-fonds » à la fin du 19e siècle et d’une « poétique canaille » partagée par la littérature et la chanson, redéfinissant les frontières entre le savant et le populaire. Enfin, à travers une analyse ethnopoétique des premiers corpus de chansons tango et fado, nous proposons d’explorer cette poétique canaille, notamment par le prisme des opérations de montage et des médiatisations qui permettent d’élucider concrètement la fabrique de ces traditions chantées.

Citer cet article : http://histoiredesmedias.com/Imaginaire-des-bas-fonds-et.html