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Colloque international "L’histoire orale. Regards croisés et décalés France - Brésil - Europe", Grenoble MSH Alpes, 27-29 janvier 2010.

A la différence de beaucoup d’autres pays, l’histoire orale est restée en France sur les marges de la discipline malgré un certain foisonnement de travaux à la fi n des années 1970. Les années 1990 l’ont reléguée au rang de sources orales, celles qui distillent la parole des témoins, avec un statut secondaire par rapport aux sources écrites et même iconographiques. Si le recours aux témoins est fréquent dans les autres sciences humaines, pour l’histoire, les archives orales comme l’histoire orale restent considérées dans la discipline historique comme des sources de substitution en l’absence et, en quelque sorte, faute d’autres sources considérées comme plus légitimes.
La question du statut de ces sources, de leur conservation, de leur mise à disposition comme de leur exploitation et in fi ne de leur légitimité reste d’actualité. Prendre les témoignages comme de simples sources de connaissance factuelle est la démarche la plus couramment utilisée. C’est pourtant loin d’être la plus féconde s’agissant de ce matériau particulier. Les témoignages construisent en effet un récit qui doit être pris dans sa globalité, dans ce qu’il dit ou occulte, dans ses déformations et ses mythifications, dans ce qu’il révèle de représentations du passé et du présent au plan collectif comme individuel. Un récit essentiel qui façonne mais aussi déconstruit le récit historique et historien.
Dans cette démarche et cette manière de questionner le passé, le présent et les sociétés, d’autres pays ont initié et développé depuis plusieurs décennies des travaux collectifs et individuels extrêmement intéressants. Aussi, revenir à la notion d’histoire orale telle qu’elle est utilisée dans ces pays soulève des questionnements qui vont très au-delà d’un simple choix de terme. Le modèle original que propose le CPDOC (Centre de recherche et documentation d’histoire contemporaine du Brésil) de la Fondation Getúlio Vargas (Rio de Janeiro) sera le fi l conducteur du colloque. D’autres collègues viendront présenter des enquêtes collectives qui, dans la mesure où elles ont réuni un ensemble de pays ayant une expertise différente en histoire orale, proposent des pistes sur le plan méthodologique et sur les apports des ces recherches croisées et complémentaires : programme de la Fondation pour la Mémoire de Berlin et programme autour de la déportation européenne à Mauthausen-Université de Vienne. Ce colloque s’assigne des buts autant méthodologiques et épistémologiques que thématiques. Quels choix le recours ou le refus de recourir aux sources orales traduisent-ils ? Comment traiter par exemple de la biographie individuelle et des biographies collectives ? Comment aborder la question de la culpabilité ou, dans un autre champ, celle des migrations, de l’exclusion (exclusion-inclusion sociale) ou encore plus classiquement celles de la mémoire et de l’identité ? Il comporte deux volets : un premier consacré aux aspects méthodologiques (conservation et collectes) ; un second consacré à l’examen de plusieurs thématiques mises en oeuvre sur des champs différents. Alterneront des présentations suivies d’échanges et des tables-rondes autour d’objets ou d’expériences partagés.
Programme
Mercredi 27 janvier 2010
09h15 : Ouverture
Alain SPALANZANI, président de l’Université Pierre Mendès-France
Dominique RIGAUX, directeur de la MSH-Alpes
L’histoire orale en France : « Plus qu’une source et moins qu’une discipline »
Discutant : Anne-Marie GRANET-ABISSET (UPMF, UMR LARHRA)
09h30 : Retour sur un parcours pionnier, Philippe JOUTARD, EHESS, Université de Provence
10h15 : L’histoire orale au Brésil, Marieta de MORAES, Centre de Recherche et Documentation d’Histoire Contemporaine du Brésil (CPDOC), Rio de Janeiro
11h00 : Pause
11h15 : Histoire orale et statistiques : une confrontation fructueuse ?
Mercedes VILANOVA, Universitat da Barcelona
12h00-12h30 : Discussion
La fabrication des récits
Discutant : Marie-Claire LAVABRE (CNRS, Sciences Po Paris)
14h30 : Témoignages et témoins : les résistants et les déportés, Jean-Marie GUILLON, UMR TELEMME, Université de Provence
15h15 : Les collectes européennes : les difficultés d’une opération multinationale, Alexander PRENNINGER, Ludwig Boltzmann Institute for Historical Social Science, Vienne (Autriche)
16h00 : Pause
16h15 : Ethnotexte : une notion toujours d’actualité ?, Tania GANDON, Universidade da Bahia/Feira de Santana (en visio-conférence), Jean-Noël PELEN, CNRS, UMR TELEMME, MMSH
17h10-17h30 : Discussion
Jeudi 28 janvier 2010
Des chantiers et des méthodes
Discutant : Philippe JOUTARD (EHESS)
09h15 : Biographie et récit de vie, Laurent DOUZOU, IEP de Lyon, UMR LARHRA
10h00 : Enquête auprès des exclus : les favelas de Rio, Mario GRYNSZPAN, CPDOC, Rio
10h45 : Pause
11h00 : L’histoire orale, révélateur d’un vécu : l’exemple de la migration corse, Marie-Françoise ATTARD-MARANINCHI, Université de Provence, UMR TELEMME, MMSH
11h45 : Enquêtes sur la sécurité sociale (France, Vénézuéla) : retour sur des chantiers passés et en cours, Maria UZCATEGUI MONCADA, Universidad da Mérida, Vénézuela
14h00-16h15 : Table-ronde : Comment traiter de la culpabilité en histoire ?
animée par Laurent DOUZOU (IEP LYON, LARHRA) et Johann CHAPOUTOT (UPMF, LARHRA)
avec Gerhard BOTZ (Université de Vienne et Ludwig Boltzmann Institute for Historical Social Science, Vienne, Autriche), Pierre LABORIE (EHESS, Paris), Anne-Marie GRANET-ABISSET (UPMF, LARHRA)
16h15 : Pause
16h30-18h00 : La fabrique des documentaires, Michel SZEMPRUCH, Repérages, Grenoble
Vendredi 29 janvier 2010
Construire un lieu de conservation
Discutant : Marieta de MORAES (CPDOC)
09h15 : L’expérience du CPDOC (Fondation Gétúlio Vargas), Luciana HEYMANN, Centre de Recherche et Documentation d’Histoire Contemporaine du Brésil
10h00 : La Fondation pour la mémoire (Berlin) et l’Institut pour l’Histoire et la Biographie, Alexander VON PLATO, FernUniversität in Hagen, Lüdenscheid (Allemagne)
10h45 : Pause
11h00 : La phonothèque de la MMSH (Maison Méditérranéenne des Sciences de l’Homme), Véronique GINOUVES (sous réserve), CNRS MMSH Aix-en-Provence
11h45 : Une phonothèque : pour quoi faire ?, Jean-Claude DUCLOS, Eloïse ANTZAMIDAKIS, Musée Dauphinois, Grenoble
14h00-17h00 : Séminaire restreint autour de la constitution d’une phonothèque régionale