Accueil du site > Actualités > Recensions d’ouvrages > Télévision

Télévision

Ouvrage : Dominique Mehl, La bonne parole. Quand les psys plaident dans les médias (Éditions de La Martinière, 2003). Recension par Isabelle Veyrat-Masson.

Dominique Mehl a-t-elle encore changé d’objet de recherche ? En réalité elle ne cesse de creuser une même problématique. Depuis La Télévision de l’intimité (1996) où elle étudiait ces émissions de télévision où la compassion servait de lien social, et Naître ? La controverse bioéthique (1999) dans lequel elle rendait compte de la mise en espace public d’une question aussi personnelle que la décision de procréer, elle continue d’explorer les relations de plus en plus imbriquées dans nos sociétés individualistes de masse entre des questions qui touchent aux aspects les plus intimes de nos existences et des décisions ou débats extrêmement publics.

Quoi de plus public en effet, de plus regardé, de plus immédiatement (...) Lire la suite

Ouvrage : Sophie de Closets, Lectures pour tous (De Boeck/INA, 2004). Recension par Cécile-Anne Sibout.

Le 27 mars 1953 apparaît la première émission littéraire télévisée française, Lectures pour tous. Ses initiateurs sont Jean d’Arcy, directeur des programmes, et deux jeunes licenciés en philosophie amoureux de littérature, Pierre Desgraupes et Pierre Dumayet, qui ont appris les rudiments du journalisme à la radio. L’écho est faible dans l’immédiat, car le pays ne possède alors qu’environ 10 000 récepteurs. L’émission hebdomadaire, qui durera quinze ans avant d’être emportée par mai 1968, trouve toutefois vite un public fidèle et diversifié, sinon large. En effet Lectures pour tous propose des sommaires contrastés : les œuvres difficiles y côtoient les best-sellers à la mode et même les livres pratiques, de façon à toucher jusqu’à (...) Lire la suite

Ouvrage : Laurent Gervereau, Inventer l’actualité. La construction imaginaire du monde par les médias internationaux (La Découverte, 2004). Recension par Christian Delporte.

L’auteur est un spécialiste reconnu de l’analyse des images. Son intérêt pour les médias d’information et la télévision n’est pas nouveau. En 1997, déjà, il avait co-dirigé un ouvrage collectif, accompagnant une exposition remarquée à Paris, sur l’histoire du petit écran en France, des origines à l’éclatement de l’ORTF. Ici, il nous propose une réflexion originale sur la manière dont se bâtit l’information, à partir de l’enquête collective qu’il dirigea en 2003, dans le cadre du projet de Baromètre européen des médias. Durant une année, son équipe a observé à la loupe les journaux imprimés et télévisés de cinq pays en Europe (France, Espagne, Italie, Allemagne, Grande-Bretagne), prolongeant l’analyse par l’observation de l’information des chaînes américaines et algériennes, la complétant aussi par une approche des spots publicitaires encadrant les JT. Il en est ressorti une ample documentation, nourrie de statistiques, permettant de conduire au plus près une étude comparative. Ne nous trompons pas sur la démarche. Il ne s’agit pas de traiter les événements de l’année 2003 vus par les médias du monde. Nul souci, ici, de rétrospective, comme aiment à les présenter au public les hebdomadaires et les émissions télévisées spéciales du côté du nouvel an. Laurent Gervereau s’applique essentiellement à démonter les mécanismes de l’information à l’échelle internationale, les phénomènes de circulation, les logiques de sélection et de hiérarchisation, les dispositifs de mise en scène, les polarisations qui en découlent.

De ce livre fourmillant d’idées et écrit avec vivacité, retenons ici deux éléments de réflexion. D’abord, la vision occidentale du monde, tant il est vrai que la circulation des images est contrôlée par des agences qui, américaines ou européennes, décident des événements à couvrir. Non seulement on n’évoque l’actualité en Asie, en Afrique, en Amérique latine que si elle est de nature à peser sur le devenir de l’espace occidental, mais les États-Unis et l’Europe de l’Ouest imposent un regard univoque au reste de la planète. En la matière, la fameuse loi de proximité joue aussi d’une autre manière, et l’auteur, exemples à l’appui, examine minutieusement la façon dont l’information « occidentalisée » subit l’effet les filtres nationaux. Ensuite, l’auteur montre la manière dont les logiques commerciales commandent l’actualité. Il ne s’agit pas seulement de recherche du scoop ou de « théâtralisation » des nouvelles, mais aussi de modes de construction et de procédés discursifs imprégnés des méthodes publicitaires. L’information, phagocytée par la communication et ses valeurs stéréotypées, écarte alors toute tentative d’analyse ou d’enquête pour verser dans l’émotion immédiate et la simplification à outrance des questions planétaires.

Certes, l’auteur n’est pas le premier à évoquer ces questions essentielles. Mais, trop souvent, la réflexion sur l’uniformisation de l’information est conduite à partir d’exemples épars. Ici, l’intérêt est lié à l’instrument scientifique, aux séries dégagées, au comparatisme de la démarche. À ce titre, le monde universitaire et le grand public trouveront dans l’ouvrage des satisfactions à la fois distinctes et complémentaires. Les lecteurs qui chercheront dans ce livre un outil pour conforter l’idée communément répandue du grand complot mondial de contrôle de l’information en seront pour leurs frais. La construction de l’actualité à l’échelle planétaire n’est pas réductible à Big Brother. Pour autant, explique Gervereau, le conformisme de l’information, qui broie la pluralité des points de vue, constitue bien un des principaux périls qui menacent aujourd’hui les démocraties occidentales.

Christian Delporte

Recension publiée dans Le Temps des médias, n° 4, printemps 2005, p. 284-285.

Ouvrage : Pierre Beylot, Geneviève Sellier (dir.), Les Séries policières (L’Harmattan, 2004). Recension par Isabelle Veyrat-Masson.

Cet ouvrage tout à fait intéressant est la publication d’un colloque qui s’est tenu sous l’égide de l’Université de Bordeaux III et de l’INA/INATHÈQUE en 2002. Une vingtaine de contributions d’auteurs comptant parmi les meilleurs spécialistes de l’étude des programmes de télévision y figurent. On peut seulement regretter l’absence d’historiens. Comme ne le cache pas le titre, il s’agissait dans ce colloque, puis dans le livre, d’étudier les séries policières télévisuelles. L’ouvrage débute par le traditionnel Captatio Benevolentiae des recherches sur les médias : le rappel par les responsables de l’ouvrage que l’objet de leurs travaux, la fiction sérielle, et d’une manière la culture de masse, souffre toujours du mépris de (...) Lire la suite

Ouvrage : François Jost (dir.), Années 70, La télévision en jeu (CNRS Éditions, 2005). Recension par Alexandre Borrell.

François Jost s’est entouré d’une dizaine de chercheurs du CEISME (Centre d’études sur les images et les sons médiatiques) et de Paris III pour interroger la télévision française des années 1970 et ses programmes, encore peu étudiés, par une analyse de ses contenus, de sa programmation, des journaux de programmes et d’archives écrites (Inathèque de France, fonds ORTF du Centre des archives contemporaines, Centre d’études et de recherches Pierre Schaeffer). La première partie interroge l’unicité et l’identité de la télévision de l’époque. François Jost la caractérise par une approche d’ensemble de la programmation. Sa chronologie révèle le glissement des émissions culturelles à celles de promotion de l’actualité culturelle, le développement (...) Lire la suite

Ouvrage : Tourya Guaaybess, Télévisions arabes sur orbite. Un système médiatique en mutation (1960-2004) (CNRS Éditions, 2005). Recension par Lucas Dufour.

En publiant la thèse de Tourya Guaaybess, c’est une histoire détaillée du système médiatique arabe en général et de son « sous-système » télévisuel égyptien en particulier que nous proposent les éditions du CNRS. À la base du processus historique se situe le déterminisme technique – « le message, c’est le médium » : les développements satellitaires et numériques des années 1980-90 ont fait apparaître à côté des médias traditionnels des opérateurs transnationaux (telle la chaîne Al-Jazeera) ; ils entraîneront l’émergence, diffuse mais réelle, d’un espace public de délibération. S’ajoute, en toile de fond, la « globalisation », dont il est postulé d’emblée qu’elle (...) Lire la suite

Ouvrage : Guy Lochard, L’information télévisée. Mutations professionnelles et enjeux citoyens (Clemi-Ina-Vuibert, 2005). Recension par Isabelle Veyrat-Masson.

Guy Lochard nous fait un beau cadeau avec ce livre. Avec générosité, simplicité mais également avec acuité, cet auteur nous propose en effet de revisiter pour nous la question de l’information télévisée à la lumière des recherches françaises les plus innovantes dans ce domaine. Innovantes ne signifiant pas forcément récentes puisque l’on trouve dans ce livre des références relativement anciennes pourvu qu’elles aient été pionnières et surtout encore pertinentes. Il puise d’ailleurs à toutes les disciplines pour cet objet transdisciplinaire s’il en est. Guy Lochard reprend la question de l’information à l’intention d’un public important et souvent démuni devant cette information télévisée dont l’analyse ressort souvent comme épuisée (...) Lire la suite

Ouvrage : Gilles Delavaud, L’art de la télévision. Histoire esthétique de la dramatique télévisée (1950-1965) (Ed. De Boeck / INA, 2005). Recension par Marie Lhérault.

En choisissant d’étudier la fiction française à ses balbutiements, Gilles Delavaud nous entraîne sur les premiers pas d’un genre en devenir. Appelés « dramatiques », ces nouveaux programmes s’inscrivent alors dans un projet artistique ambitieux de démocratisation de la culture. Aussi, dès l’introduction Gilles Delavaud prévient le lecteur : le titre de son ouvrage « L’art de la télévision » n’est pas l’affirmation d’une thèse tendant à prouver que la télévision est un art, mais simplement le reflet des discours tenus sur la fiction au moment de sa création. En quête de légitimité, la télévision des années cinquante se cherche. Gilles Delavaud nous restitue ces errements en quatre chapitres très (...) Lire la suite

Ouvrage : Cohen Évelyne, Lévy Marie-Françoise (dir.), La Télévision des Trente Glorieuses. Culture et politique (CNRS Editions, 2007). Recension par Claire Sécail.

Les 22 et 23 janvier 2004, l’Université Denis Diderot (Paris 7) et l’UMR IRICE (CNRS – Universités Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Paris 4) organisaient avec le concours de l’INA un colloque « Télévision, culture et société en France (1945-1975) ». L’ouvrage que viennent de diriger Evelyne Cohen et Marie-Françoise Lévy en reprend quatorze contributions, qui envisagent cette fois sous les notions de « culture et politique » la façon dont se construit et s’entretient au cours des Trente Glorieuses la relation entre un média et son public. Plus qu’un simple téléspectateur, c’est donc un véritable citoyen qui se dessine en creux des programmes télévisés, à la fois interpellé, sollicité, imaginé et façonné (...) Lire la suite

Ouvrage : Yannick Dehée, Agnès Chauveau (dir.), Dictionnaire de la Télévision française (Nouveau Monde éditions, 2007). Recension par Catherine Bertho Lavenir.

Oubliez la couverture. Les caricatures grinçantes de Cabu sèment ici la confusion. Ce n’est pas un exercice de style du genre Charlie Hebdo qui se cache sous cette couverture mais un dictionnaire, qui aurait d’ailleurs dû s’appeler « Dictionnaire de la télévision populaire » si l’on en croit l’éditeur, sans doute pour marquer la différence avec l’autre dictionnaire de la télévision coordonné par Jean-Noël Jeanneney, il y a quelques années. Cet ouvrage-ci décrit la télévision française considérée du point de vue du spectateur. On y trouve par exemple, indexées à leur titre en français, les séries ou les émissions d’importation américaine, anglaise et même allemande telles que Hawaï police d’état, Chapeau melon et bottes de cuir ou Inspecteur Derrick.

La forme dictionnaire induit un certain éclatement du propos, le Club Dorothée voisinant avec « Cognac Jay », « Noël Mamère » avec Maigret, Capital avec Candy et Gym Tonic avec Les Guignols de l’info. Cette impression de désordre qui reflète assez bien, en fin de compte, l’expérience du spectateur confronté au fil des heures à des émissions d’origine et d’ambition disparates, est renforcée par des différences sensibles dans la rédaction des articles, confiée à un ensemble d’auteurs d’âge et d’expérience académique divers. Considérées toutes ensembles, ces notices témoignent cependant d’une possible position critique vis-à-vis de la culture télévisuelle, considérée comme une culture populaire et une culture de masse, et c’est ce qui fait l’intérêt spécifique de ce dictionnaire.

Un premier ensemble de notices couvre les dimensions classiques d’une histoire de la télévision française. Aucun des grands thèmes de la vie télévisuelle n’est omis. Aux journalistes historiques succèdent les animateurs célèbres, et les grandes émissions politiques voisinent avec les émissions caractéristiques des divers âges télévisuels. Il y figure même une notice « Funérailles ». Les présidents de la République sont présents, tous traités dans leur rapport à la télévision. « De Gaulle » précède ainsi « Roger Gicquel » - alphabet oblige -, tandis que Goldorak succède immédiatement à « Giscard d’Estaing ».

Les notices consacrées aux émissions les plus populaires épousent, pour une partie d’entre elles, le regard qu’a longtemps eu la littérature académique vis-à-vis des productions audiovisuelles. Le texte consacré au Club Dorothée, par exemple, désapprouve à la fois l’esthétique des dessins animés japonais diffusés par l’émission et le rapport de l’animatrice-productrice aux enfants. À l’inverse, les émissions emblématiques de la télévision de service public bénéficient d’un a priori favorable. « Tout était neuf, et rien n’a vieilli » écrit l’auteur chargé des Shadoks, tandis que « Jean-Christophe Averty » a droit à une longue notice qui célèbre son inscription dans la tradition surréaliste, et donc sa filiation avec la culture légitime. D’inspiration surréaliste aussi Belphegor qui, on le souligne, a directement inspiré Da Vinci Code.

Les notices consacrées aux séries témoignent de postures critiques différentes. Certains auteurs choisissent de s’immerger avec bonheur dans une mémoire collective construite par l’expérience de récits partagés, à la limite de l’approche nostalgique. D’autres cependant, même s’ils font preuve d’une érudition bon enfant, n’omettent pas de proposer des pistes d’analyse de l’œuvre qui leur échoit en s’intéressant soit à l’esthétique du récit soit à sa dimension socio-historique. Posant la question des raisons du succès d’une série, les auteurs vont souvent chercher la réponse dans les innovations formelles et narratives qui font la qualité du récit mais ils cherchent aussi à rapporter l’intrigue et les personnages au contexte qui les a vu naître. De Chapeau melon et bottes de cuir (The Avengers) nous saurons ainsi que la série « présente une inventivité ahurissante, détournant à plaisir tous les codes narratifs du thriller ». Et l’auteur, (Laurent Bihl) d’inviter le lecteur à la nostalgie régressive en précisant : « c’est donc avec consternation que les fans du monde entier apprennent le retrait de Diana Riggs en 1968… » tout en précisant qu’au grand regret des amateurs, les 52 premiers épisodes n’ont jamais été diffusés en France. C’est encore la qualité d’écriture qui justifie l’intérêt porté à Sex and the City : « Rythme enlevé, actrices excellentes, écriture soignée, réalisation inventive et gueststars de luxe (de Carole Bouquet à Donald Trump) ont fait de la série un must », écrit Yannick Dehée, sans omettre de se pencher sur la question-clef : Sex and the City est-elle une série féministe ? Ces demoiselles sont-elles des femmes libérées, les personnages masculins n’étant que l’objet de leur désir ou bien sont-elles les victimes archétypales d’une société patriarcale qui ne leur accordera le bonheur que lorsqu’elles seront enfin en couple ?

Peu de séries à grande audience paraissent indignes de ce dictionnaire. Même Beverly Hills (1993-2001), diffusé au sein du Club Dorothée à partir de 1993 a droit à une notice qui résume son intrigue, inscrit son succès dans la vague qui, au même moment, fait la notoriété de la série canadienne pour adolescents Les Années Collège, et suit le devenir de ses comédiens qui s’inscrivent dans une culture « people » diffusée à l’échelle mondiale par les magazines spécialisés. On ne refera pas ici le tour des séries étrangères qu’analyse ce dictionnaire, de Dallas à Inspecteur Derrick en passant par Les Feux de l’Amour ou Flipper le Dauphin. L’important est de constater que l’ouvrage ne réduit pas son propos à la célébration nostalgique mais que, sans mépriser son objet, il tente d’offrir des pistes d’analyse. On regrettera alors la maigreur des références placées à la fin de certaines notices, alors que l’une des fonctions d’un dictionnaire est de permettre à des étudiants d’aller plus loin dans un sujet. On déplorera aussi le système bizarre de signature des textes, qui empêche de comprendre clairement qui écrit quoi. Petits défauts qui ne devraient pas empêcher que l’on adopte comme outil de travail ce Dictionnaire de la Télévision française qui prend au sérieux la culture populaire de la télévision.

Catherine Bertho Lavenir

Recension publiée dans Le Temps des médias, n° 10, printemps 2008, p. 256-257.

1 | 2