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Séminaires

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Séminaire Doctoral Chaire Roger Odin

Responsable : Jean-Pierre Bertin-Maghit (mardi de 17h à 19h30, salle Pierre-Jean Mariette INHA (2 rue Vivienne 75002 Paris)

Séminaires du professeur Andras Kovacs
Andras Kovacs est Professeur d’études cinématographiques à l’Université Eötvös Loránd à Budapest. Il a enseigné à l’Université de Stockholm (1991), à Paris 3. (2004), à L’École Normale Supérieure (2011). Professeur invité régulier à l’Université de Californie et de San Diego depuis 2016. Il a publié de nombreux ouvrages en français et en anglais dont : The Cinema of Bélar Tarr. Wallflower/Columbia University Press, 2013 ; Screening Modernism : European Art Cinema 1950-1980. Chicago University Press, 2007 (Limina Award, 2009) ; Les Mondes d’Andrej Tarkovsky (avec Akos Szilagyi), L’Age d’Homme, Lausanne, 1987.

Aspects psychologiques du style cinématographique

Séminaire 1 : Mardi 15 janvier 2019
Le sujet de ce séminaire sera l’intérêt des méthodes quantitatives dans l’analyse de style. On démontrera les différences entre l’analyse textuelle qui a pour fonction première de soutenir la signification du texte. L’analyse quantitative, par contre, a pour fonction la mise en relief des tendances structurelles et évolutives de la forme d’une œuvre singulière, d’une œuvre d’un auteur, ou d’une série d’œuvres d’une période ou d’une région ou d’autres contextes culturels. Je présenterai ma recherche sur le cadrage et je proposerai différentes hypothèses concernant les possibles explications de différents modèles qui résultent de l’analyse statistique. Il s’agira de modèles statistiques de cadrage d’Antonioni, de Bergman et d’autres auteurs européens. On les comparera aux modèles calculés d’œuvres Hollywoodiennes. Les conclusions qu’on tirera de cette comparaison nous mèneront au sujet du séminaire suivant.
Séminaire 2 : Mardi 22 janvier 2019
Quelle est la fonction et l’effet du cadrage dans le cinéma ? C’est une question élémentaire des écoles cinématographiques ainsi que des écoles d’études cinématographiques. Nous allons voir que les études empiriques manquent pour expliquer l’effet psychologique et par conséquent l’effet esthétique des différents cadrages. La question le plus important sera de savoir quel est le facteur prépondérant dans le cadrage : la distance, les dimensions ou l’intégralité vs le caractère partiel de la vue. Toutes les trois possibilités sont plausibles, mais il est important de savoir lequel est le plus important pour comprendre l’effet du cadrage. Je présenterai plusieurs de mes recherches qui ont pour but de trouver l’effet du cadrage. Ces recherches sont de caractère psychologique et neuroscientifique. Les conclusions que nous en tirerons touchent la question des différentes formes de traitement cognitive du récit cinématographique, ce qui nous mène au sujet du séminaire suivant.

Séminaire 3 : Mardi 29 janvier 2019
Comment l’interprétation du récit est fondée par les différents traitements cognitifs ? Comprendre le fonctionnement du récit littéraire et cinématographique était au centre des recherches esthétiques au vingtième siècle. Il en reste ainsi également aujourd’hui, seulement les recherches psychologiques touchant les mêmes questions sont beaucoup plus nombreuses. Je présenterai des recherches concernant la fonction du raisonnement causal dans la compréhension du récit cinématographique. Notamment, la question sera de savoir dans quelle mesure la structure narrative du récit dicte notre mode de pensée en regardant un film. Où sont les effets du caractère personnel dans la compréhension, et est-ce que nous regardons d’une façon différente un récit non- linéaire et un récit linéaire ? Les conclusions que nous en tirerons élucideront, j’espère, l’utilité de la recherche quantitative et psychologique du cinéma.

Séminaires du professeure Natalia Noussinova
Historienne du cinéma et écrivain. Docteur d’Etat en cinéma, Directeur de Recherches à l’Institut des Recherches sur le cinéma de Moscou, membre du Comité Editorial de la revue Kinovedcheskie Zapiski. Elle a enseigné comme Professeur invité à l’Université de Paris-3, à l’Université Libre de Bruxelles, à l’Université d’Amsterdam, à l’Université de Bordeaux-3, à l’Ecole Normale Supérieur, Paris, Ulm. Auteur de multiples ouvrages — livres, articles, expositions en ligne, scénarios de documentaires (dont Quand on rentrera en Russie... Cinéma russe en exil.1918-1939. Moscou, NIIK/Eisenstein-Zentr, 2003, Prix de l’Union de Cinéastes de la Russie pour le meilleur livre de l’année) et de trois romans pour les enfants (dont Les aventures de Djérik, traduit en France chez l’Ecole des Loisirs en 2008).
Mythe de la création de l’univers et de l’homme dans le cinéma soviétique. Le mythe de la création de l’univers a donné le jour à de multiples sujets dans tous les arts, y compris dans le cinéma. L’homme artificiel qui apparaît dans le cinéma des premiers temps provoque une grande vague de discussions d’ordre moral : ne serait-ce pas un péché mortel pour un cinéaste de se concevoir comme un démiurge ? C’est ainsi que l’histoire du jeune savant Frankenstein du roman de Mary Shelley adapté aux studios d’Edison en 1910 dit au spectateur que l’homme a le droit de création uniquement dans les limites de l’univers qui lui est imposé, sinon il risque de créer son double monstrueux qui est capable de lui voler son reflet dans le miroir ainsi que son bonheur. Néanmoins une grande population de mannequins et de poupées envahit rapidement l’espace des films de Pathé en se transformant chez Gaumont en homme masqué au visage immobile, le Fantomas. Son analogue allemand le célèbre Homunculus de Otto Rippert, un dictateur qui veut envahir le monde, est pourtant une créature conçue en laboratoire. Au temps de l’expressionnisme, l’Allemagne deviendra le berceau de l’homme artificiel au cinéma. Citons au moins le Golem et l’Alraune ressuscités à l’écran par Henrik Galeen ainsi que la femme de fer Brigitte Helm du Metropolis de Fritz Lang...
L’idée de la création de l’homme nouveau devient très populaire dans le cinéma soviétique où elle coïncide avec la mentalité post-révolutionnaire, athée et très créative, ayant pour but la reconstruction totale du monde. Au cours de nos trois séminaires on verra de près comment cette idée prend corps au sein des recherches formelles de l’avant-garde des années vingt, crée un univers et un homme au cinéma par le biais du montage et ensuite fait naître un homo sovieticus des films du réalisme socialiste des années trente. La femme de fer trouvera son analogue dans certains films hollywoodiens des années quarante faits par des émigrés soviétiques. Où est la patrie de ce personnage et quel pays lui sert de terre d’accueil ? Les mythes se croisent...

Séminaire 1 : Mardi 5 février 2019
« Du passé faisons table rase ...
Mythe de le création renforcée par des expérimentations de montage au cinéma soviétique des années vingt
Rejetant les racines du cinéma tsariste les jeunes cinéastes soviétiques des années vingt recommencent tout à zéro. Ils construisent la nouvelle vie et le nouvel art en même temps. Les expérimentations de montage de Lev Kouléchov visent à la création filmique du nouvel « espace terrestre » et de l’ « homme créé » qui doit le peupler. Dziga Vertov à l’aide du kino-glaz documentaire appelle ses compagnons de route à la création du nouvel Adam synthétique, un homme parfait qui réunit dans le cinéma les parties des corps idéales des différents êtres humains. Les FEKS créent la nouvelle Eve, une variété de l’Eve future de Villiers de l’Isle Adam qui devient chez Grigory Kozintsev et Leonid Trauberg La femme d’Edison, crée par le savant dans les labos sous l’influence évidente du cinéma allemand et en résultat de l’explosion. Le langage des films et leur narration seront marqués par le même tremblement de terre. Rentré de l’exil Jacob Protazanov va créer une jolie martienne Aélita une sorte de compromis entre les idées explosives des cinéastes soviétiques et le style traditionnel du cinéma russe conservé dans le cinéma des Russes blancs.

Séminaire 2 : Mardi 12 février 2019
...Le monde va changer de base....
Le silence de l’homme artificiel et la révolte des machines à l’époque du parlant.
Obsédés par l’idée de la technique au service de l’humanité Kozintsev et Trauberg décident de commander à Maïakovski un scénario qui doit reprendre le thème de La femme d’Edison. Le résultat ne leur semblant pas satisfaisant il s’y mettent eux-mêmes. La jeune institutrice de La Seule (1931) c’est une femme en chair et en os mais elle est guidée par la machinerie. La voix du haut-parleur lui transmet la volonté de celui qui sait tout et qui l’obligera à sacrifier son bonheur aux besoins de la patrie. Par contre un avion envoyé par l’état devenant pour elle une espèce de famille collective viendra la chercher au Nord pour lui sauver la vie ou même pour la faire ressusciter car la musique funèbre de Chostakovitch nous dira qu’elle était déjà morte. La Berceuse (1937) de Vertov par le biais du montage nous expliquera qui est l’Edison soviétique, le père de toutes les femmes soumises de son pays. Pourtant les robots mécaniques de La Chute de la sensation (1935) d’Alexandre Andrievsky vont se révolter contre leur créateur.

Séminaire 3 : Mardi 19 février 2019 « ... Nous ne sommes rien ... Soyons tout ! »
Du mythe à la mentalité : homo sovieticus, création du régime totalitaire.
L’idée du changement de monde touche peu à peu tous les aspects de la vie soviétique — on change les noms, le calendrier, l’orthographe et le moral. L’homme artificiel doit être heureux dans son monde collectif. Les crèches doivent remplacer sa maison — Je ne veux pas d’enfant (1930) de Mark Gall, les cantines doivent remplacer les repas familiaux — Pourrait-on se passer de moi ? (1932) de Viktor Chestakov ; les enfants doivent apprendre à trahir leurs parents — Tanka la tenancière (1929) de Boris Svetozarov et le Pré de Béjine (1937) de Sergeï Eisenstein ! Il faut être sur ses gardes car aucune femme ne sait jamais si son mari n’est pas un espion — La carte du parti (1936) de Yvan Pyriev. L’Évangile change avec la transformation de la notion du sacré. Le personnage fantastique des contes, le monstre des labos, déménage dans les cerveaux des gens en créant un nouveau phénomène social, homo sovieticus. Cette maladie, est-elle curable ?

Séminaires du professeur Jorge Novoa

Jorge Novoa est spécialiste des relations entre le cinéma et l’histoire et les représentations des sociétés dans le cinéma ; le Brésil, l’âge moderne, de la formation du capitalisme et de sa phase actuelle, néolibérale. Travail aussi sur l’épistémologie de la raison sensitive et sur la reconstruction des paradigmes des sciences sociales. Il est professeur de l’Université Fédérale de Bahia, Département de sociologie et de post-graduation en sciences sociales. Il a été professeur invité au département cinéma et audiovisuel de la Sorbonne en 2003. Auteur de plusieurs articles dans le domaine du cinéma et représentations sociales et historiques et des livres : Cinema-história : teoria e representações sociais no cinema. Rio de Janeiro, Apicuri, 2008 ; Cinematógrafo. Um olhar sobre a história. São Paulo, EDUNESP, 2009 ; Olhar sensível. As belezas das cidades e suas barbáries. Curitiba, Prismas, 2018.

Séminaire 1 : Mardi 5 mars 2019
L’ « impeachment » au Brésil (2016)
Images et représentations du pays dans la crise profonde
La crise économique, politique et sociale au Brésil, a pris une ampleur considérable à partir du processus d’impeachment de la présidente Dilma Rousseff. Une avalanche de documentaires et de films fictionnels de court et long métrage, ont été produit. L’accent a été mis sur la corruption et les valeurs de moralité et de justice. Des entreprises clés publiques comme la PETROBRAS ont été touchés. Plusieurs domaines ont été affectés. Le juridique et les grands médias ont assumé une détermination politique. Pour la conférence n.1 nous étudierons POLÍCIA FEDERAL – A LEI É PARA TODOS (ficção de 107 minutos, dirigido por Marcelo Antunez) et O MECANISMO (2018, José Padilha) Série de tv / Ficção, les arguments et les esthétiques à travers lesquelles les pellicules qui sont en faveur de l’impeachment construisent leurs représentations sur la crise au Brésil. La réception de ces films, leurs codes de vérité, de fidélité et de vraisemblance sur l’histoire seront étudiés. Ils montrent comment l’« Opération Lava Jato » est née, comment elle s’est donnée pour but de combattre la corruption des politiciens et les fraudes dans les contrats de PETROBRAS, la « double comptabilité » des entreprises privées, la corruption des députes, des sénateurs, des ministres, le secteur juridique aussi, voire les présidents de la République. Malgré l’importance de la Police dans l’investigation et la répression à la corruption, c’est beaucoup plus la « nouvelle génération » du pouvoir judiciaire, qui apparaît clairement comme les sauveteurs de la patrie. Les deux films légitiment ce que l’on a appelé l’impeachment. Le mécanisme a suscité beaucoup de polémiques. En tant que série passée à la télévision, elle a été vue par beaucoup de monde. Dilma Rousseff a pris position contre le film et toute une discussion est apparue sur la liberté d’expression, la « licence poétique » des directeurs, dans le cas particulier, José Padilha, directeur de films importants comme l’Armée d’Élite (Tropa de elite 1 et 2).

Séminaire 2 : Mardi 12 mars 2019
Coup d’état au Brésil ?
Images et représentations du pays dans la crise profonde prolongée
Pour la deuxième conférence, nous allons examiner les films qui sont plutôt à la faveur de la thèse du coup d’État. Ils ont construit leurs analyses et leurs représentations du développement de la crise au Brésil d’une manière bien plus critique. Le noyau de cette représentation filmique qui a été choisi s’appelle O Processo (documentário com 137’, de Maria Augusta Ramos). Récemment lancé, Le Procès cherche à montrer les faits à travers des images variées retirées des événements réels. Elles sont les copies fidèles de ce réel. Est-ce qu’elles construisent la vérité du processus historique ? Le film utilise le langage dynamique du documentaire et cherche à confronter les positions diverses et très souvent contradictoires. La réalisatrice assume la perspective de laisser parler les images du réel par soi-même. Elles n’ont pas été produites fictivement. Elles n’ont pas été manipulées. Elles ont été capturées par Marie Augusto Ramos dans la perspective d’une possible neutralité, en cherchant à montrer la genèse de la crise avant 2013. Tandis que le premier et le second film prennent position, plus ou moins clairement, en faveur de l’impeachment et de la performance du juge Sergio Moro et de Lava Jato ; le documentaire Le Procès cherche à construire un récit qui prétend montrer les contradictions de tout ce processus historique réel. L’idée de coup d’Etat apparaît dans la bouche de plusieurs protagonistes de la scène réelle. Le caractère relatif des discours sur la réalité, sur l’impossibilité de l’appréhender dans la totalité seront étudier. Vouloir être neutre légitime ou pas le travail de la cinéaste ? Est-ce possible un équilibre entre la construction formelle des successions des images, entre l’argument du film et son interprétation du processus social ? À côté du Procès, il y a au moins deux autres films que nous voudrions aborder. Il s’agit du film Excelentíssimos de Douglas Duarte et Impeachment de Petra Costa.

Séminaire 3 : Mardi 19 mars 2019
Le Brésil et ses images à l’époque de la reproduction digitale
A partir du concept de « territoire », autour des notions d’images et d’industrie culturelle, il s’agira de s’interroger sur la pertinence de la conception d’un « cinéma occupé » aujourd’hui au Brésil. Au travers d’un constat critique, nous voudrions ici revenir, via les images cinématographiques et télévisuelles, produites au Brésil, sur les effets d’une crise plus générale de la modernité et de la culture. Le cinéma brésilien reproduit à sa manière la crise générale du cinéma mondial. Ils sont tous redevables d’une haute technologie permettant de nouveaux effets sonores et visuels. (films produits en 3D à l’instar d’un modèle hollywoodien dominant, etc). Mais le cinéma au Brésil a été de plus en plus vidé d’une éthique politique qui l’avait marquée et fondée dans les années 1950-1960. Ce cinéma ne semble plus capable de reproduire des « écoles » cinématographiques, ni d’inventer de nouvelles formes pour donner un sens véritable à « son esthétique ». Le modèle poreux de la Télénovela a aussi contaminé le cinéma d’auteur contemporain, dominé par TV Globo. Ces tendances semblent avoir aussi « rattrapé » le cinéma fait en Europe, aux USA et au Japon. Dans sa grande majorité il est dépolitisé et animé par des objectifs commerciaux et conformistes. Rien de semblable à la marque produite par le « Cinéma Novo » et par Glauber Rocha et par les cinéastes des années 1960. Nous analyserons les facteurs qui expliquent cette évolution. Comment entrevoir aujourd’hui dans ce contexte un potentiel de véritable création artistique gommée par la marchandisation en série des images du cinéma et de la télévision ? L’industrie du divertissement au moment de cette reproduction digitalisée, ne rappelle-t-elle pas aujourd’hui rétroactivement les théories de Walter Benjamin ? Ou celles d’Adorno et Horkheimer ? Nous cherchons ici une troisième voie explicative.

Citer cet article : http://histoiredesmedias.com/Seminaire-Doctoral-Chaire-Roger,8061.html