Accueil du site > Actualités > Soutenances de thèses > Apprendre àpenser comme un journaliste. Construction sociale des catégories de connaissances professionnelles et division du travail journalistique

Soutenances de thèses

envoyer l'article par mail title= envoyer par mail Version imprimable de cet article Version imprimable Augmenter taille police Diminuer taille police

Samuel BOURON : Apprendre àpenser comme un journaliste. Construction sociale des catégories de connaissances professionnelles et division du travail journalistique

Thèse de doctorat. Soutenance le 1er décembre 2014 à9h30 au Logis du Roy - Passage du Logis du Roy 80000 Amiens.

Membres du jury :
Bertrand Geay, Professeur de science politique, UPJV, CURAPP, Directeur de thèse
Laurent Willemez, Professeur de sociologie, UVSQ, Printemps, Directeur de thèse
Muriel Darmon, Directrice de recherche CNRS, CSE-EHESS, Rapporteur
Dominique Marchetti, Directeur de recherche CNRS, Centre Jacques Berque, Rapporteur
Erik Neveu, Professeur de science politique, IEP de Rennes
Rémy Rieffel, Professeur en sciences de l’information et de la communication, Université de Paris II

Cette thèse propose, d’une part, une ethnographie de l’apprentissage du métier de journaliste attentive à la façon dont les étudiants acquièrent un regard professionnel spécifique selon les écoles où ils sont socialisés. Elle s’attache, d’autre part, à identifier la distribution des étudiants dans la division du travail journalistique dès leur entrée dans la formation et dans les années qui suivent leur sortie de l’établissement. Après avoir observé la genèse des différents modèles de formation professionnelle, l’étude consiste à analyser les différentes phases que traversent les étudiants de plusieurs types de formations, jusqu’à ce qu’ils s’insèrent dans le monde professionnel. L’enquête montre comment l’apprentissage « sur le tas » constitue un premier test de la vocation pour le journalisme en valorisant des dispositions relationnelles qu’ils avaient peu mobilisées auparavant dans le cadre de leur parcours scolaire et universitaire. Elle vise ensuite à saisir les attentes des jurys d’admission des écoles les plus sélectives. Il apparaît que l’espace des candidats admissibles est alors clivé selon le niveau des ressources culturelles et scolaires, mais aussi selon le sexe, dans la mesure où les promotions des écoles les plus prestigieuses tendent aussi à être les plus féminisées. Les admis se distinguent par leur aisance dans la mise en forme de l’information et dans la narration, perçue par les examinateurs comme un « talent », et qui constitue les qualités qu’ils vont remobiliser tout au long de leur apprentissage. En effet, les étudiants des grandes écoles apprennent à apprécier les techniques journalistiques, dans la mesure où c’est avant tout par les façons d’écrire ou encore de parler à la radio que l’école leur laisse la possibilité de développer leur « personnalité ». Puis, en aval de leur cursus, le dispositif pédagogique leur permet de prendre conscience de ce qui se dessine comme étant leur point fort, en les orientant vers certaines spécialités journalistiques selon leur profil individuel.
Nous montrons aussi comment ce processus de socialisation varie selon que les écoles soient privées ou publiques, labellisées ou non par la profession. Au terme de leur apprentissage, les diplômés des plus grandes écoles se destinent plutôt à un journalisme généraliste et à diffusion nationale ou internationale, quand les étudiants des plus petites écoles tendent à être davantage spécialisés et cantonnés aux médias locaux. Il ressort qu’au terme de leur formation, les étudiants ont appris à aimer une façon de penser et de pratiquer le journalisme qui les prépare finalement à s’insérer dans les segments professionnels qui leur correspondent socialement.

Citer cet article : http://histoiredesmedias.com/Apprendre-a-penser-comme-un.html