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Appel àcontribution, "Information, incertitudes, intelligences", Quatrième édition du colloque spécialisé en sciences de l’information (COSSI), 19-20 juin 2012, université de Poitiers

En 1964, François Perroux constatait amèrement dans Industrie et création collective qu’en ce « siècle de création collective, nos esprits demeurent prisonniers de vieilles interprétations individualistes et statiques ». Trente ans plus tard, en 1995, Joël de Rosnay sentait poindre « l’homme symbiotique », connecté au cerveau planétaire, ce « macro-organisme » constitué par l’ensemble des hommes et de leurs machines, des nations et des grands réseaux de communication ». En trente années seulement, nous étions passés d’un paradigme caractérisé par la dichotomie (individuel/collectif ; entreprise/environnement), la lenteur, l’entreprise égocentrique, à un nouveau paradigme de la symbiose (individu-collectif ; humain-machine ) dans lequel l’organisation s’inscrit dans un environnement devenu central, dont elle n’est plus séparée par des frontières aussi marquées.

En 2011, la vision dichotomique achève de s’estomper au profit d’un paradigme qui articule, dans une relation dialogique, l’individu, le collectif et l’intelligence artificielle. Le travail symbiotique, nourri par l’information, relié par la communication à une intelligence collective réticulaire, devient la clé de la création de valeur pour des organisations que fragilise leur dépendance à l’égard d’un environnement mondialisé complexe caractérisé à la fois par son incertitude et sa turbulence.

Dans une logique interdisciplinaire à laquelle notre discipline s’ouvre par tradition, il est pertinent de considérer les travaux réalisés par les économistes sur l’incertitude, distinguée du risque probabilisable, une incertitude irrémédiable [Cyert, March, 1963 ; Simon, 1968], aux sources multiples [Coase, 1937 ; Williamson, 1985] et non homogène [Knight, 1921]. L’incertitude a suscité de multiples recherches en vue de la mesurer [Laurence, Lorsch, 1967 ; Duncan, 1972 ; Miles, Snow, 1978] ou d’établir des typologies d’incertitude [Miles, Snow, 1978 ; Viviani, 1994].

Moins explorée, la turbulence peut être définie comme une agitation apparemment désordonnée, violente dans ses conséquences, permanente, qui affecte l’environnement des organisations, leur rapport à celui-ci et bouleverse la nature même de situations incertaines (Marcon, 1998). Elle a été interrogée sous l’angle de la conflictualité inhérente à l’économie (Aron, 1962 ; Perroux, 1991 ; Schmidt, 1994), de la destruction créatrice (Schumpeter 1912, 1939), de l’intervention des acteurs (Crozier, 1977), de la guerre économique (Harbulot, 1992, 1994)…

Désormais, la société et l’économie post-industrielles, ou informationnelles, sont caractérisées par la prédominance des services et de l’immatériel (information et connaissance, nouvelles sources de créativité, d’innovation et de capital), dans un monde globalisé et de plus en plus complexe (Toffler, 1971, 1980 ; Drucker, 1988 ; Bell, 1973). Dorénavant, l’efficacité et donc la performance des organisations symbiotiques dépendent du savoir-faire des salariés, des knowledge workers (Drucker, 1959), de la capacité organisationnelle à intégrer le changement et l’apprentissage – source de mémoire collective et de compétitivité (Cyert, March, 1963 ; Argyris, 1993), ou bien de la culture de partage régnant ou pas dans l’entreprise (Thévenet, 1993).

A ces facteurs s’ajoute le pouvoir lié à la maîtrise de l’information et de la communication – surtout aux dynamiques des relations entre les acteurs faisant partie du dispositif : alliés, adversaires ou neutres et qui donc peuvent jouer ou non en faveur d’un projet (Friedberg, Crozier, 1977 ; Marcon, 2009), sans oublier que l’asymétrie informationnelle ne permet pas de disposer réellement de toute l’information nécessaire à la prise de décision et donc seule la « rationalité adaptative » permet à l’organisation d’aller de l’avant (Simon, March, 1960). D’autre part, la connaissance organisationnelle, tacite et / ou explicite, est la « seule source d’avantages concurrentiels durables » (Nonaka, Takeuchi, 1995) et elle se construit dans un processus dynamique de socialisation, d’intériorisation, d’extériorisation et de combinaison, au coeur de la gestion des connaissances ou du knowledge management (Davenport, Prusak, 2003 ; Prax, 2003), où l’on peut, entre autres, appliquer des stratégies d’identification des champions et bâtir, sur la base de leur savoir expérientiel, le savoir stratégique organisationnel générateur d’innovations de rupture (Hamel, Prahalad, 1990).

Dans ce contexte, la capacité innovatrice organisationnelle dépend de la capacité générique à accéder à l’information - qu’il s’agisse de données – éléments bruts ou factuels, d’informations – données contextualisées, ou de connaissances – informations mises en action (Le Coadic, 2004 ; Davenport, Prusak, 2003 ; Salaün, Arsenault, 2009) - et ce processus omniprésent dans les activités d’apprentissage et professionnelles pose, systématiquement, le défi de « l’aiguille dans la botte de foin ». Cette typologie fait face aux multiples glissements de sens encore présents entre, par exemple, information, d’une part, et informatique et TIC, d’autre part, ou bien entre information, intelligence et action, entre accès aux outils et stimulation de l’innovation, entre communauté et réseau, et conduisant paradoxalement à une agilité qui cache, en fait, une paralysie cognitive (Moinet, 2011).

Les recherches en sciences de l’information et de la communication ont peu intégré les dimensions de la complexité dans leurs analyses. Elles l’abordent, souvent indirectement, par l’analyse des effets de flux d’information massifs et frénétiques, la multiplication désordonnée de moyens de communication, liés à Internet, ayant un impact agnotologique (Proctor, 1992 ; Protor & Schiebinger, 2008), l’usage – dans une démarche d’intelligences multiples – d’outils de guerre informationnelle… L’objet de la 4e édition du COSSI est de reprendre et approfondir cette réflexion.

Les contributions attendues devraient essayer de répondre au questionnement suivant : quelles sont les intelligences (notions, concepts, méthodes, approches, stratégies, démarches, management, fonctions, structures, compétences, habiletés, politiques, systèmes, …) à mettre en oeuvre dans ce changement de paradigme auquel individus, organisations et structures étatiques sont confrontés ?

Les communications peuvent prendre le cheminement de réflexions épistémologiques, conceptuelles, théoriques et de cas pratiques s’inscrivant dans les champs précisés ci-dessous :

A. L’intelligence de l’acte de communication :

Réalités et pertinence de la communication en réseau ; intégration de l’incertitude et la turbulence dans le processus de communication…

B. L’intelligence du document numérique :

Problématiques actuelles en records management – supports classiques versus supports multimédias, cycle du document, normes et pratiques, outils, gestion de patrimoine numérique, protection de la vie privée face au chaos de la perte de connaissances…

C. L’intelligence de l’aide à la décision en incertitude :

Approches de veille stratégique et intelligence compétitive – méthodologie, cycle de l’information, fonctions et services, management, formation et compétences, culture de l’information, prospective, tendances …

D. L’intelligence du capital organisationnel :

Démarches de knowledge management – propriété intellectuelle et industrielle, transmission de savoir, fracture numérique et développement économique, l’information comme vecteur d’innovation…

Comité scientifique du COSSI 2012 :

Lucie Bégin, École de Management de Normandie, France
François Brouard, Université Carleton, Ottawa, Canada
Viviane Couzinet, Institut Universitaire de Technologie, Université Toulouse-III, France
Jacqueline Deschamps, Haute École de Gestion de Genève, Suisse
Viviane du Castel, Institut Supérieur Européen de Gestion, Paris, France
Raja Fenniche, Institut Supérieur de Documentation, Université de la Manouba, Tunisie
Marcel Lajeunesse, École de Bibliothéconomie et des Sciences de l’Information, Université de Montréal, Québec, Canada
Vincent Liquète, IUFM Aquitaine, Université de Bordeaux IV, France
Monica Mallowan, Université de Moncton, Campus de Shippagan, Nouveau-Brunswick, Canada
Christian Marcon, Institut de la Communication et des Technologies Numériques, IAE - Université de Poitiers, France
Sabine Mas, École de Bibliothéconomie et des Sciences de l’Information, Université de Montréal, Québec, Canada
Dominique Maurel, École de Bibliothéconomie et des Sciences de l’Information, Université de Montréal, Québec, Canada
Florence Ott, Université de Moncton, Campus de Shippagan, Nouveau-Brunswick, Canada
Fabrice Papy, Université Nancy 2, France
Shabnam Vaezi, Institut Universitaire de Technologie, Université de Tours, France

Modalités de soumission :

Les propositions doivent être rédigées sous forme de résumés en français d’une longueur d’environ 7000 signes (espaces compris), police Times New Roman, taille 12 points, sous format Word.

Afin de préserver l’anonymat des propositions, la première page doit contenir : le titre de la proposition, les noms, les coordonnées de l’auteur ou des auteurs et leur affiliation institutionnelle, ainsi que l’axe dans lequel la proposition s’inscrit et cinq à sept mots-clés.

La deuxième page et les suivantes contiendront le titre, suivi du texte de la proposition et d’une courte bibliographie.

Le respect de ces consignes permettra au comité scientifique de procéder en toute impartialité à l’évaluation de la pertinence des propositions soumises.

Note : Aux fins de l’évaluation, la proposition devrait refléter les sections d’usage dans la rédaction scientifique (problème de recherche, recension des écrits, méthodes, résultats, discussion). A titre de référence, voir les Actes du COSSI 2010 et COSSI 2011 à l’adresse http://www.umoncton.ca/umcs/COSSI.

Merci d’envoyer votre proposition à : nicholas.mallowan@etu.univ-poitiers.fr

Calendrier du colloque :

Date limite pour la soumission des propositions (résumés) : le 31 janvier 2012

Évaluation des propositions : février 2012

Avis aux auteurs : le 15 mars 2012

Version finale des propositions (35000 signes espaces compris) : le 15 mai 2012

Inscription des conférenciers et des participants : à partir du 1er novembre 2011

Présidence du COSSI :

Christian Marcon, co-président, maître de conférences HDR, ICOMTEC – IAE, Université de Poitiers, France
Monica Mallowan, co-présidente, professeure adjointe, Université de Moncton, Canada

Comité organisateur :

Nicolas Moinet, professeur en sciences de l’information et la communication, IAE, Université de Poitiers (coordination avec le laboratoire CEREGE)
Isabelle Hare, maître de conférences en sciences de l’information et la communication, ICOMTEC - IAE, Université de Poitiers
Mariannig Le Bechec, maître de conférences en sciences de l’information et la communication, ICOMTEC - IAE, Université de Poitiers
Nicholas Mallowan, chargé de projet, M2IECS, ICOMTEC – IAE, Université de Poitiers

Citer cet article : http://histoiredesmedias.com/Appel-a-contribution-Information.html

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