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Appel àcommunications, colloque "La littérature de jeunesse dans le jeu des cultures matérielles et médiatiques : circulation, adaptations, mutations", Paris, 24-26 septembre 204

Date limite : 15 février 2014
Depuis une vingtaine d’années, les études littéraires tendent à déplacer leur centre d’intérêt des productions légitimées (celle du canon institué par l’histoire littéraire) vers l’ensemble des productions textuelles. En parallèle, les recherches influencées par les cultural studies ressaisissent les productions textuelles dans l’ensemble des pratiques culturelles : non seulement celles des productions médiatiques (cinéma, télévision, jeux vidéo), mais aussi celles de la culture matérielle (jeux et produits industriels).

Paradoxalement, la recherche consacrée à la littérature pour la jeunesse, en quête de légitimité institutionnelle, a encore peu étudié la relation des Å“uvres littéraires aux autres productions de la culture médiatique et de la culture matérielle de l’enfance. Pourtant, c’est sans doute dans ce domaine que les échanges ont été les plus intenses et les plus fructueux. On a souvent souligné (Jenkins, Ferrier) l’emprise des industries culturelles sur la littérature pour la jeunesse contemporaine, et les travaux sur la novellisation (Baetens et Lits) ont mis en évidence leur enracinement dans les cultures de jeunesse. A l’inverse, la littérature de jeunesse apparaît comme une source inépuisable d’inspiration pour les industries culturelles. Enfin, l’univers du livre participe, parfois de façon centrale, parfois de façon marginale, aux logiques de poly-exploitations qui marquent l’ensemble des productions pour la jeunesse : non seulement les fictions narratives, mais aussi les supports de fiction ludiques (jeux et jouets) et les objets industriels qui sont destinés à ce public.

Si de tels échanges sont devenus massifs ces dernières décennies avec l’avènement des nouveaux médias électroniques et les transformations de l’industrie culturelle, on a pu montrer que les relations entre industrie culturelle et littérature de jeunesse sont anciennes. Pour comprendre les politiques de licences et de déclinaisons transmédiatiques des séries à succès, il faut sans doute les replacer dans une périodicité longue, remontant au XIXe siècle. Pour cela, il convient d’articuler un questionnement social (avec les transformations des pratiques de consommation et de loisirs), économique (avec le développement d’une industrie et d’une édition visant les jeunes publics), médiatique (avec le rôle joué par le cinéma, la presse, la radio puis la télévision), juridique (avec par exemple le glissement aux Etats-Unis d’une logique de copyrights à une logique de trademarks), et étudier l’évolution des pratiques culturelles et des légitimités. Mais il convient également de mettre en évidence les spécificités des pratiques contemporaines de la culture de jeunesse, celles des médiacultures (Maigret), de la convergence culturelle (Jenkins), du médiamix (Ito) et des Å“uvres-mondes (Besson, Wolf). Enfin, il importe de réfléchir plus généralement aux spécificités des pratiques culturelles des jeunes publics ayant favorisé de telles mixités : importance des échanges entre fictions pour la jeunesse et l’univers du jeu (Brougère), fictions oscillant entre pratiques narratives et ludiques (Caïra, Grouling Cover), logiques d’appropriation, de recomposition, de déclinaisons à travers des activités créatives et ludiques.

Colloque international organisé par Matthieu Letourneux et Mathilde Lévêque avec le concours de l’Afreloce (association française de recherches sur les livres et les objets culturels de l’enfance)

Lieu du colloque : Université Paris 13. Date : 24-26 septembre 2014.

Axes thématiques L’ambition de ce colloque est de questionner la place de la littérature pour la jeunesse dans les imaginaires médiatiques et les productions industrielles pour la jeunesse, en tentant de mettre en évidence les logiques d’adaptations, de traductions intersémiotiques, de synergies et de rapports de force qui sont engagés dans ces pratiques.

On pourra par exemple explorer les pistes suivantes, soit dans une perspective générale, soit à partir d’études de cas :

1. Transferts intersémiotiques et transmédiatiques
- Dans les échanges entre les médias, on peut questionner les mécanismes de traduction intersémiotique (du livre vers les autres médias et des autres médias vers le livre) : comment les auteurs tentent-ils de restituer les imaginaires médiatiques dans lesquels ils inscrivent leur Å“uvre et avec lesquels ils dialoguent, mais aussi comment les novellisations peuvent-elles correspondre à des stratégies de différenciation exploitant les spécificités du support imprimé ? A l’inverse, dans quelle mesure les imaginaires littéraires ont pu être altérés par leurs adaptations médiatiques successives ?

- Mais le livre est loin de se cantonner au domaine des novellisations : les atlas, encyclopédies, livres-jeux, livres à offrir, mettent en évidence d’autres pratiques de l’imprimé aux relations complexes avec les univers de fiction médiatiques. De tels ouvrages, négligés par la recherche, pourront ainsi être abordés. De même, on s’intéressera à l’ensemble des productions littéraires exploitant des univers de fiction ludiques (livres et revues exploitant les univers des jeux et jouets, jeux de rôle, jeux vidéo).

- - On s’intéressera tout particulièrement aux relations qui existent entre la littérature, qu’il s’agisse de fiction narrative ou non narrative, et les formes de fiction ludiques : jeux, jeux de rôle, jeux vidéo, jouets. Cette attention pourra prendre une forme théorique, historique, économique et médiatique.

2. Mutations médiatiques, création et édition
- On se demandera en outre comment les auteurs et les éditeurs assimilent eux-mêmes ces mutations médiatiques dans leurs logiques de communication. Quelle est l’incidence de ces nouvelles pratiques médiatiques sur la conception que les auteurs se font de leur Å“uvre et de leur travail d’écriture ?

- La question des contextes économiques, juridiques, sociaux et médiatiques du livre (quand celui-ci exploite des imaginaires et des univers de fiction développés avant tout sur d’autres supports) pourra être abordée. Quelles sont les conditions de production ? Quels sont les acteurs en jeu dans la création de l’œuvre ? De quel processus et de quelles dynamiques de négociation l’œuvre est-elle le résultat ?

- On cherchera à comprendre quels sont les enjeux de l’adaptation des Å“uvres littéraires dans les systèmes médiatiques : on se demandera quelles Å“uvres sont adaptées, ce qui en est conservé, retenu, les contraintes que font subir les coûts et les enjeux de développement sur le processus d’adaptation, etc.

3. Perspective historique, regard contemporain
- L’Histoire des échanges entre la littérature de jeunesse et les autres médias reste encore largement à écrire. Quels ont été les événements littéraires et médiatiques qui peuvent être considérés comme des jalons de cette histoire ? Y a-t-il eu des conditions juridiques ou industrielles ayant favorisé de telles transformations des pratiques ? On pourra également s’interroger sur les questions de résistance et d’imperméabilité, revers des phénomènes d’échanges et de circulation, qui fonctionnent pourtant comme autant de miroirs révélateurs.

- On peut se demander également si les mutations contemporaines affectant en profondeur la communication littéraire – internet, les logiques industrielles de convergence, les pratiques participatives des jeunes consommateurs (et leur récupération par les industriels) – peuvent modifier en retour le regard que l’on porte sur l’histoire de la littérature pour la jeunesse et de sa place de l’imprimé dans l’ensemble de la culture de jeunesse.

Modalités d’envoi des propositions Les propositions (1500 à 2000 signes) sont à envoyer

avant le 15 février 2014 à Matthieu Letourneux (mletourneux@free.fr)

et à Mathilde Lévêque (mathilde.leveque@univ-paris13.fr).

Comité scientifique Jan Baetens (Université de Louvain-la-Neuve), Laurent Bazin (Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), Anne Besson (Université d’Artois), Gilles Brougère (Université Paris 13), Olivier Caïra (IUT d’Evry), Matthieu Letourneux (Université Paris Ouest Nanterre La Défense), Mathilde Lévêque (Université Paris 13), Déborah Lévy-Bertherat (ENS Paris), Sarah Sépulchre (Université de Louvain-la-Neuve)

Citer cet article : http://histoiredesmedias.com/Appel-a-communications-colloque-La,4941.html

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