Comptes rendus
Yolène Dilas-Rocherieux
Appartenance idéologique et communauté émotionnelle, le rôle des almanachs de l’Humanité
Nulle question ici d’une histoire des Almanachs de l’Humanité depuis 1926, mais d’une approche sociologique dont le but est de souligner aussi bien une nouveauté en rapport aux Almanachs populaires socialistes, qu’une spécificité dans le tissu médiatique communiste français. Situé en tête des lectures des revues communistes dans les années 1930, l’Almanach se distingue par un objectif clair : travailler à la création, puis au maintien, d’une communauté émotionnelle qui souderait dans la même croyance idéologique et partisane une population diversifiée et géographiquement dispersée, les ouvriers et les paysans de France. Est formulée ici l’hypothèse que cette communauté émotionnelle fut un rempart identitaire plus efficace et plus solide que l’organisation en elle-même. Reste à pointer les moyens de son érection, un mélange de vécus, de mythes et d’utopies articulés entre la classe, le parti et l’URSS, portés principalement par le récit, qu’il soit historique, biographique ou utopique.