10 - Peopolisation et politique
Christian Delporte
5 ans, 10 numéros !
Le Temps des médias n°10, printemps 2008, p.5-6
Déjà cinq ans. Et, pour la première fois, la numérotation du Temps des médias est portée à deux chiffres. A l'échelle de l'expérience éditoriale, ce n'est évidemment pas encore l'âge de la pleine maturité, mais ce n'est déjà plus celui des premiers pas. Les mots de nos glorieux aînés et amis, animateurs de revues prestigieuses, résonnent dans notre mémoire : ils saluaient l'ambition et la nouveauté du projet, mais surtout, peut-être, notre témérité et notre abnégation. Créer une revue scientifique à comité de lecture, quand tant d'autres étaient au bord de l'asphyxie ou contraintes de renoncer, relevait aussi bien du courage que de l'inconscience. Et puis, forts du réseau construit par la Société pour l'histoire des médias, de la ténacité d'un éditeur qui a cru dès le début au projet, du soutien, aussi, du CNL, nous nous sommes lancés dans l'aventure. Cinq ans et cent cinquante articles plus tard, ce n'est pas à nous de dire si le pari est gagné. Constatons seulement que Le Temps des médias n'est plus tout à fait inconnu dans le monde de la recherche, et qu'il figure même dans les listes des revues « académiques » où il est conseillé de publier.
Notre ambition est inchangée : contribuer à la vitalité de la recherche historique et éclairer les grands débats contemporains sur les médias, diffuser la connaissance, stimuler la réflexion méthodologique et épistémologique sur la pratique de l'histoire, favoriser aussi l'expression des jeunes chercheurs. Et quitte à verser dans une forme d'autosatisfaction – qu'encourage inévitablement l'évocation d'un anniversaire-, nous sommes heureux de pouvoir affirmer que Le Temps des médias est devenu un espace d'échange entre les disciplines, un lieu de valorisation de la jeune recherche, mais aussi une revue ouverte sur l'international, comme en témoigne le pays d'origine de nombreux de ses auteurs (Allemagne, Italie, Espagne, Grande-Bretagne, Pays-Bas, États-Unis, Canada, Argentine, Israël…).
Voici donc le numéro 10, consacré à la « peopolisation politique ». Le Temps des médias succomberait-il à l'effet de mode ? Non, mais l'historien vit dans son temps et s'applique à éclairer le fonctionnement des sociétés contemporaines à la lumière du passé. Instinctivement, aussi, il se méfie des prétendues nouveautés. La peopolisation n'est pas brusquement sortie du chapeau de la dernière campagne présidentielle, ni même de celui d'une presse sans scrupules cultivant, depuis peu, les plus viles curiosités du lecteur. Elle correspond à un long processus de maturation que l'historien, soucieux d'en comprendre la signification et la portée, doit mettre en perspective, avec ses outils et ses méthodes. C'est précisément l'objet du riche dossier présenté ici qui, tout à la fois, relit le phénomène sous un prisme scientifique et, au passage, remet quelques pendules à l'heure.
Il me reste, au nom de tout le comité de rédaction du Temps des médias, à vous remercier pour votre participation, vos encouragements, votre fidélité. Et à vous donner rendez-vous, non pas dans cinq ans, pour le dixième anniversaire, mais pour le numéro 11, prévu à l'automne prochain !