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Numéro 27 - L’Âge d’or

Dans un cadre médiatique, l’« âge d’or » est d’abord une formule d’une grande simplicité, aisément mobilisable pour catégoriser un phénomène ou une période. Elle est ainsi perçue comme un levier efficace pour conférer un sentiment de gratification, pour valoriser irréfutablement une période antérieure. En somme, parler d’âge d’or permet de faire référence à un passé révolu dont le souvenir rayonne encore sur le présent, tout en insufflant instantanément une coloration méliorative. Les médias apparaissent comme un terrain privilégié de ce travail en raison de leur rôle dans les représentations collectives. Ce dossier du Temps des médias questionne les dynamiques sous-jacentes à l’oeuvre pour les faire éclore : tour à tour stratégie éditoriale et médiatique, support de rhétoriques professionnelles, ou encore condensation sublimée de la mémoire délayée par le filtrage du présent, l’âge d’or n’est pas un objet propice au lissage uniformisant du processus de catégorisation.

Dossier coordonné par Emmanuelle Fantin et Thibault Le Hégarat.
n° 27, Automne-Hiver 2016-2017.


Sommaire

Dossier : L’Âge d’or

  • Emmanuelle Fantin, Thibault Le Hégarat - Présentation : L’Âge d’or

    Dans un cadre médiatique, l’« âge d’or » est d’abord une formule d’une grande simplicité, aisément mobilisable pour catégoriser un phénomène ou une période. Elle est ainsi perçue comme un levier efficace pour conférer un sentiment de gratification, pour valoriser irréfutablement une période antérieure. En somme, parler d’âge d’or permet de faire référence à un passé révolu dont le souvenir rayonne encore sur le présent, tout en insufflant instantanément une coloration méliorative. Les médias apparaissent comme un terrain privilégié de ce travail en raison de leur rôle dans les représentations collectives : c’est en partie grâce aux médias que les âges d’or ont pénétré la culture populaire et le langage, ce qui (...)

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  • Katharina Niemeyer - Désigner l’âge d’or : médias et nostalgies d’un espace et d’un temps (a)dorés

    Après introduction de la question problématique de l’indexation dans l’archive de l’âge d’or, cet article discute les caractéristiques récurrentes qui lui sont attribués. L’âge d’or est proche du vintage, à savoir la rencontre d’une technologie, d’une pratique, d’une pensée innovatrice, se distinguant en raison de ses qualités narratives, esthétiques ou technologiques et en proportion de son succès économique. Ancré dans un temps et un espace précis, souvent dans le passé, l’âge d’or se noue au sentiment nostalgique qui permet de révéler aussi le côté ombre de l’or tout en montrant les facettes d’une nostalgie qui balance entre (apparente) régression et créativité (...)

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  • Jean-Charles Geslot - Âge d’or pour salles obscures. La représentation du Second Empire dans Nana de Jean Renoir et Si Paris nous était conté… de Sacha Guitry

    Sacha Guitry et Jean Renoir ont tous les deux abordé dans leur oeuvre la période du second Empire. Au-delà de leurs différences stylistiques, on retrouve chez ces deux réalisateurs de la même génération un même regard sur cette période mythifiée, et une même façon d’utiliser pour cela le média cinématographique, lequel permet, notamment par la liberté qu’il laisse dans le traitement des temporalités, la transformation de cette époque un en véritable âge d’or de la fête et de la douceur de vivre.

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  • Rémy Pawin - L’enracinement du mythe des « Trente Glorieuses » par les manuels scolaires (1979-2011)

    L’article s’intéresse à l’une des modalités de construction de l’âge d’or dans les médias et tente de mieux comprendre comment les manuels scolaires ont enraciné le mythe des « Trente Glorieuses ». Dans les manuels d’histoire du secondaire, la locution forgée par Fourastié en 1979 apparaît dès 1983 et est consacrée par tous les éditeurs dès 1989. Le récit transmis n’a guère de nuance et la dramaturgie historique prend tout son sens par contraste : l’âge d’or des « Glorieuses » prend la suite du drame des guerres mondiales et s’achève avec la « crise », en (...)

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  • Audrey Orillard - Les yéyés, une seconde jeunesse : les sixties françaises revues par la télévision des années 1980

    Les scopitones fournissent, avec leurs représentations lisses de la jeunesse yéyé, un imaginaire propice à la consolidation du mythe de l’âge d’or des années 1960, dont se saisit la télévision à partir des années 1980. La rediffusion des scopitones permet de détailler les caractéristiques de la fabrique médiatique de l’âge d’or, qui sont la motivation économique et le caractère intermédiatique qui sous-tendent le développement du sentiment nostalgique, et les retombées symboliques de ce dispositif pour le média télévisuel.

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  • Séverine Equoy-Hutin - Nostalgie sur le web : mise en scène d’un âge d’or de la variété populaire à l’ère de la postradio

    On s’intéresse aux modalités par lesquelles le site internet de la station de radio Nostalgie, en tant que prolongement numérique, exacerbe sa dimension commémorative en mettant en scène une idéalisation du passé entre permanence et modernité. Dans un cadre sémio-pragmatique, on montre que l’âge d’or que l’on s’accorde à définir par son figement, son balisage, sa dépréciation du présent et son emprisonnement dans le passé, est scénographié dans une abolition des frontières (spatiales, temporelles et sensibles) et une co-construction qui redynamisent son objet et le media initial de (...)

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  • Michael Palmer - L’âge d’or de la presse

    La formule, moins courante en anglais qu’en français, s’applique à la presse de la fin du XIXe et du début du XXe siècles. Aux États-Unis, dans un autre contexte, Mark Twain et C.D. Warner parlent de l’âge du simili-or. Celui-ci caractérise, en l’avilissant aussi, l’âge d’or de la presse. Nous examinons ici la manière dont, à cette époque, cette expression marque la presse, en France, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

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  • Géraldine Poels - Télévision : l’invention de l’âge d’or

    Les trois décennies de la période 1945- 1975 sont communément identifiées comme l’âge d’or de la télévision française. Cette construction a émergé dès le milieu des années 1970. À ce moment-là, les professionnels ont l’impression de vivre un tournant qu’ils identifient immédiatement comme la fin d’une époque. Cet article revient sur les modalités d’élaboration de ce discours, et interroge sa diffusion dans l’espace public. Il distingue, à côté d’un discours de l’âge d’or articulé à une critique militante de la télévision « commerciale », un autre discours, plus consensuel, mais qui contribue aussi à brouiller la notion d’âge d’or au profit de la célébration nostalgique d’un passé finalement assez (...)

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  • Luc Robène, Solveig Serre - Le punk est mort. Vive le punk ! L’âge d’or du punk dans la presse musicale spécialisée en France

    Entre 1976 et 1978, simultanément aux États-Unis, en Australie et dans de nombreux pays d’Europe, une multitude de formations musicales sont désignées dans la presse comme « punk » ou s’auto-désignent comme telles. Ces trois années délimitent une période aussi brève qu’intense au-delà de laquelle le punk, auto-proclamé éphémère, est considéré par une partie de ses acteurs et par la presse comme mort. Notre travail, fondé sur l’analyse d’un corpus constitué de la publication mensuelle des deux magazines qui dominent l’actualité musicale rock en France, Rock & Folk et Best, entend interroger la spécificité et la pluralité des processus médiatiques et mémoriels à l’oeuvre dans l’élaboration de ces (...)

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  • Jean-Paul Gabilliet - « Âge d’or de la bd » et « Golden Age of Comics » : comparaison des notions fondatrices de la bédéphilie dans l’aire franco-belge et aux Etats- Unis (1961-2015)

    Les premiers mouvements bédéphiles émergèrent quasi-simultanément en France et aux Etats-Unis dans la première moitié des années 1960. Dans les deux cas, on fit référence à un « âge d’or » du moyen d’expression, incarné en France par les grands journaux hebdomadaires proposant majoritairement du matériel américain, publiés de 1934 à 1940 ; aux États-Unis par les comic books à 10 cents publiés de 1938 à 1945. Le discours philique qui se constitua alors apparaissait structuré, non autour du moyen d’expression, mais des objets qui le véhiculent et l’inscrivent dans l’expérience quotidienne des individus reconstruite a posteriori sur le mode (...)

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Parutions

Medianet

  • Françoise Hache-Bissette - Medianet

    La nostalgie est omniprésente sur le web et une requête « âge d’or » sur google.fr renvoie pas moins de 977 000 résultats (20/10/2016). À en croire les internautes, tous les « objets » auraient connu un « âge d’or ». Le mythe de l’Âge d’or "L’Âge d’or", une collection littéraire d’Henri Parisot Le marketing de la nostalgie ou retro-marketing

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Chronique Passé-Présent

  • Anne-Claude Ambroise-Rendu, Thibault Le Hégarat - Variations médiatiques autour de l’âge d’or, entre chimère et espoir

    Entre le moment ou Ingres achève son petit tableau intitulé L’Age d’or, initialement destiné au Château de Dampierre mais qu’il conservera jusqu’à sa mort (1862), et celui où l’on donne avec grand succès la pièce musicale de Feydeau au Théâtre des Variétés (1905), journaux et périodiques renouent volontiers avec cette expression. Mais son usage est diversifié et polysémique. Tandis que certains en usent avec ironie pour évoquer les « merveilles » d’un passé révolu, d’autres sont plus sincèrement nostalgiques. D’autres enfin, sont enthousiastes – et c’est l’usage qui semble le plus répandu à la jonction des XIXe et XXe siècles, où la mémoire de Saint-Simon se trouve comme dynamisée par les apports d’un positivisme (...)

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